lundi 19 mai 2008
archéologie
L'histoire gallo-romaine du Loiret se découvre peu à peu au fil du tracé de l'A19. Plusieurs sites archéologiques ont été mis à jour. Et le sous-sol n'a pas encore révélé tous ses secrets !
Cinq squelettes. "Ce plan de bâtiment est quasi inédit. Le site devrait servir de référence du point de vue de notre connaissance des modes de construction de l'époque". Sophie Liégard, archéologue de l'INRAP, responsable des fouilles du site de Bâtilly-en-Gâtinais, est enthousiaste. Les archéologues ont mis à jour une résidence aristocratique monumentale datant du 1er siècle avant notre ère. Entourée d'une quinzaine de bâtiments de grande taille, la résidence devait appartenir à un propriétaire terrien. "Nous pensions découvrir du mobilier en phase avec le prestige de l'habitat, ce qui nous aurait permis d'identifier les fonctions des bâtiments, mais nous avons trouvé du mobilier classique, ce qui est surprenant".
Autre surprise de taille : la découverte de cinq squelettes en position assise, sans ornement, orientés vers le bâtiment principal. "Cette pratique, probablement rituelle, a été seulement rencontrée sur cinq sites de la même époque dans toute l'Europe", poursuit Sophie Liégard. Du fait de la fragilité des os, les archéologues les étudient sur place réalisant des plans au 1/10 e mentionnant la position précise de chaque ossement. Un autre squelette positionné sur le ventre, a été découvert devant la forteresse, mais semble plus ancien d'environ un siècle (même époque que les sépultures de Neuville-aux-Bois trouvées en juillet 2006 - voir encadré).
Connaître les modes de vie. Le tracé de l'A19 mobilise 160 archéologues de l'INRAP. Les objets, céramiques, restes de faune... découverts sont acheminés à Corquilleroy, près de Pannes, où ils sont lavés, répertoriés et font l'objet d'une première étude avant d'être expédiés auprès de spécialistes de la période ou de l'objet en question. "Le cumul des informations recueillies confrontées à d'autres découvertes va permettre d'établir l'occupation du territoire, les réseaux d'échange, les conditions de vie...", explique Fabien Langry-François, archéologue, responsable d'opération.
"Ces fouilles sont importantes car c'est la première fois que nous retrouvons 500 ans d'évolution concentrés sur un espace de 100 km de long ", explique Jean-Paul Demoule, Président de l'INRAP. "Cela nous donne une idée de l'importance de la population, de l'habitat..." poursuit-il. Les fouilles devraient s'achever sur le terrain cet été, mais la partie étude devrait se poursuivre jusqu'en 2008.
Les squelettes de Neuville-aux-Bois: Huit squelettes ont été découverts à Neuville-aux-Bois au sein de sept des quinze silos mis à jour. Ces fosses de stockage assuraient la conservation des céréales. La découverte des ossements a lancé de nouvelles pistes quand à leur réutilisation funéraire. Cette pratique était jusqu'à présent interprétée comme une marginalisation de certains individus. Or parmi les corps retrouvés, ont été mis à jour une femme parée d'un collier de bronze et de deux bracelets, des objets métalliques, quatre membres de cheval et un cochon. Ces découvertes, confrontées à d'autres études, contredisent la théorie de l'exclusion. Les archéologues de l'INRAP pensent qu'il pourrait s'agir d'une offrande aux dieux.
Bientôt un documentaire: Ces fouilles feront l'objet d'un documentaire de 52 mn intitulé "L'autoroute à remonter le temps", réalisé par la société de production Gédéon Programmes et financé à hauteur de 80 000 euros par le Conseil général. Il mettra en scène la vie quotidienne d'un personnage qui traverse les siècles, par le biais notamment de reconstitutions 3D, les travaux de laboratoire et les découvertes réalisées. Le film devrait être diffusé sur France 5 en octobre. Une avant-première dans le Loiret est également envisagée.
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