La puissance des seigneurs. Vers l'an Mil, le pouvoir royal bat de l'aile. Quand on est seigneur, il est alors de bon ton de construire sa forteresse. Dans l'Orléanais, les petits seigneurs narguent le pouvoir royal et les forteresses poussent comme des champignons. On élève alors des mottes de terre couronnées par un édifice en bois.Au 11e siècle, la pierre arrive avec les châteaux-donjons. La tour César de Beaugency, donjon carré qui domine la Loire, en est un superbe exemple. Mais les seigneurs se sentent à l'étroit. Les châteaux forts apparaissent et le donjon n'en est plus que l'ultime repli. Le Loiret conserve plusieurs de ces châteaux forts médiévaux.
Sully-sur-Loire est sans doute le plus beau avec son donjon du 14e siècle. Volumes grandioses, toits en poivrière, chemins de ronde et charpente haute de quinze mètres sont les symboles de la puissance des seigneurs du lieu. Le château appartient depuis 1962 au Conseil général. Aujourd'hui, il retrouve les fastes de son passé grâce à de nombreuses animations avec en toile de fond la vie au temps des seigneurs médiévaux : chant, théâtre, exposition, festival de musique.
Salle de torture et oubliettes. A Saint-Brisson, vous participerez peut-être à la défense du château au pied duquel la vie médiévale a aussi fait sa réapparition. L'édifice a pris place à partir du 12e siècle sur un promontoire dominant le Val de Loire. Depuis dix ans, des villageois costumés proposent des démonstrations de machines de guerre. Reconstitués sur les conseils de médiévistes, catapultes, couillards et pierrières sont installés dans les douves.A Meung-sur-Loire, vous frissonnerez à la vue des oubliettes, salle de torture et cul-de-basse-fosse. Le donjon a été construit au 12e siècle par les puissants évêques d'Orléans.
On parle de Meung-sur-Loire comme du château du luxe et de la terreur car l'évêque y avait droit de justice et il ne faisait pas bon y être prisonnier.Enfermé dans les oubliettes avec un seul morceau de pain comme pitance, le condamné voyait son espérance de vie nettement diminuer. Parfois, les prisonniers étaient jetés directement dans le cul-de-basse-fosse, profond de 12 mètres et construit en cloche pour interdire toute remontée. Au 15e siècle, le vol d'un calice y a conduit le poète François Villon pendant cinq mois avant d'être gracié par Louis XI. Il en est l'unique rescapé recensé.
Une nouvelle vie. La forteresse de Yèvre-le-Châtel, petit bourg qui figure parmi les plus beaux villages de France, mérite le détour. Le château tomba dans l'escarcelle royale au début du 12e siècle et c'est sous Philippe-Auguste qu'il prit son aspect actuel. On y apporta tout l'art militaire du 13e siècle avec murs épais, tours, châtelet à herse, chemin de ronde. L'animation du château est assurée par la dynamique association "des compagnons de la Châtellenie" : spectacles, feux d'artifice, fêtes médiévales.
A Beaugency, il y a aussi le château Dunois, construit au 15e siècle par le célèbre compagnon de Jeanne d'Arc. Avec sa remarquable charpente du 15e siècle, le château fut agrandi au siècle suivant. Il appartient désormais au Conseil général et abrite un musée des arts et traditions de l'Orléanais. Enfin, dans le Gâtinais, à la fin du 10e siècle, Renard 1er a construit sa motte, Château-Renard. La spécialité de ce seigneur féodal était de mettre à sac les abbayes de la région.
Le château fort fut reconstruit au 13e. Aujourd'hui, il ne reste que des vestiges de l'imposante forteresse, mais son plan reste clair. Et le site impressionnant donne un charme considérable au lieu. Les fantômes des seigneurs médiévaux hantent toujours les chemins du Loiret. Leurs châteaux retrouvent aujourd'hui une nouvelle vie grâce à des animations variées. Alors n'hésitez pas... Replongez dans l'époque des seigneurs pillards, des preux chevaliers, des troubadours et des mages enchanteurs.
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