jeudi 24 avril 2008

L’Abbaye et l’Église Abbatiale Notre-Dame

L’histoire de l’Abbaye Notre-Dame est intimement liée à celle des sires de Beaugency. Elle est édifiée au cœur de la forteresse médiévale.Vers 580, Simon Ier établit à Beaugency un collège de chanoines réguliers. D’après l’historien Jacques Nicolas Pellieux, il s’agissait d’une simple chapelle à l’origine.Au temps de Landry III et de l’évêque d’Orléans, Oudri, une première église est construite vers 1030, dont il ne reste aujourd’hui aucun vestige.L’édification de l’abbatiale actuelle en pierre calcaire de Beauce, est entreprise au tout début du XIIème siècle lorsque, sous l’autorité d’Yves de Chartres, le seigneur Raoul Ier restitue aux chanoines réguliers de Saint-Augustin tous les biens que ses prédécesseurs avaient usurpés. L’extension du monastère se poursuit jusqu’en 1336, date de la construction de la tour Sainte-Anne (Sud).
En 1103, le roi Philippe Ier comparaît devant le concile de Beaugency pour lever son excommunication. Philippe Ier avait répudié sa femme légitime Berthe de Hollande pour vivre avec Bertrade, comtesse d’Anjou. En 1152, le deuxième concile déclare nul le mariage du roi de France Louis VII avec Aliénor d’Aquitaine pour consanguinité. Elle épouse le futur roi d’Angleterre Henri Plantagenêt. Les enfants et les petits-enfants de ces deux personnages royaux se disputent la terre de France pendant la Guerre de Cent Ans.
En 1568, au moment des Guerres de Religion, les couvertures de l’église, du clocher et l’ensemble des bâtiments conventuels sont brûlés par les incendies des Protestants. Les religieux ne pouvant plus occuper leur logis dévasté, habitent au château et célèbrent la messe dans la chapelle Saint-Georges avant de s’installer en 1586 dans la maison de la Pytherie. Le chapitre réformé en 1642 par le Père Faure appartient à la Congrégation de France. Les Génovéfains commencent à reconstruire le monastère jusqu’à la seconde moitié du XVIIIème siècle.A la Révolution, les bâtiments sont nationalisés et l’église devient paroissiale suite à la destruction des autres églises de Beaugency. La rue de l’Abbaye est tracée.Au XIXème, l’intérieur de l’édifice est restauré et l’église Notre-Dame est classée Monument Historique (1850). La chapelle Sainte-Anne est construite en 1875 par l’architecte départemental Dusserre.En 1940, le bas côté Sud est totalement détruit à la suite des bombardements de l’aviation italienne, ainsi que de nombreux vitraux. La restauration est engagée après la Seconde Guerre Mondiale.


Ce que l'on peut voir:

L’église: L’église conserve, malgré les reconstructions modernes, nombre de caractères de l’architecture romane locale : plan général sans saillie du transept, chevet à déambulatoire ouvrant sur trois chapelles rayonnantes, arcs en plein-cintre abondamment utilisés dans l’abside et chapiteaux décoratifs. La nef s’impose par ses colonnes cylindriques puissantes supportant cinq travées. L’actuelle voûte en bois de style gothique de la nef surbaissée par rapport à la voûte originelle, date des années 1663-1665. La façade extérieure, simple, est percée de deux portails du plus pur roman, sobrement décorés à l’image des modillons du chevet. La tour carrée Sainte-Anne, qui flanque l’angle Sud date du XIVème siècle. La chapelle Sainte-Anne du XIXème se situe au Nord-Ouest.

Le mobilier religieux: Le grand orgue se compose d’un buffet réalisé par Sieur Renard, artisan à Beaugency et de 35 jeux de JB.Stolz daté de 1862. Le soubassement est un retable signé de Goyers de Bruxelles. L’orgue de chœur est un cadeau de l’abbé Piau (11 jeux de Stotlz fils, 1885).

L’Abbaye: Le bâtiment conventuel du XVIIIème siècle (aile sud et aile est) sert aujourd’hui en partie d’Hôtel Restaurant. L’escalier principal du XVIIème siècle a été conservé.

Légende ou histoire? De nombreux auteurs attribuent la création de l’Abbaye à Simon Ier, originaire de Picardie, seigneur de Beaugency. Simon, malade de la lèpre, guérit miraculeusement grâce à ses prières dédiées à Saint-Firmin. Il se reconnait redevable de servitudes envers le chapitre d’Amiens. «Il se fit vassal et homme lige, lui et tous ses successeurs de Saint-Firmin, en l’église d’Amiens, en s’obligeant d’y faire présenter à perpétuité au jour de sa fête un cierge». Il donne à cette église quantité de revenus. De là vient également l’obligation de donner le jour de la Découverte de Saint-Firmin, une maille de Florence, aux étudiants de la Nation Picarde de l’Université d’Orléans. La rue de la Maille d’Or de Beaugency nous rappelle cet évènement.Voulant donner un signe matériel de sa reconnaissance au Saint, il aurait fait élever l’église de l’Abbaye de Beaugency sous le vocable de Notre-Dame, Saint-Firmin, Saint-Fuscien, Saint-Gentien et Saint-Victoric car Simon Ier avait prié leurs reliques à Amiens. Pellieux souligne qu’à cette époque l’église était vraisemblablement une chapelle «à l’usage de château dans l’enceinte duquel elle était enfermée».

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