lundi 28 avril 2008

La rue de la Cordonnerie

La rue de la Cordonnerie: Aussi loin que l'on remonte, la rue de la Cordonnerie apparaît comme la principale artère commerçante de Beaugency. Au XVè siècle, les textes sont suffisamment précis pour nous révéler l'omniprésence des artisans et des marchands, idéalement placés sur la voie des défilés, des "monstres" ou parades urbaine qui conduisaient la foule jusqu'à la porte du château. Les travailleurs de cuir y possédaient boutique au Moyen-âge, justifiant l'appellation de "rue de la Cordonnerie"; ils y disputaient cependant la place à de nombreux autres représentants des corporations balgentiennes, les "marchands" tout d'abord dont l'appellation imprécise dissimule les activités, ceux ensuite dont on aperçoit mieux la spécialité, peintres-verriers, couturiers, selliers, drapiers, barbiers-chirugiens, tallemeliers, menuisiers, notaires...tous présents au XVè siècle. L'établissement semble alors avoir relayé la "Petite Boucherie" située à l'extérieur de la seconde enceinte, près de la Tour du Change. Il paraît curieux que se soit perpétué jusqu'à la fin du XVIIIè siecle une activité dont on connaît bien les nuisances et que les populations médiévales rejetaient généralement à l'écart des quartiers centraux. A Beaugency, tout au contraire, la proximité de la boucherie a semblé constituer pour les résidents un critère de notoriété. Les respectables "hostels" à l'enseigne du Coq, du Dauphin, de Saint-Laurent, du Mouton, de l'Ecu de France furent bâtis tout près, et ont été occupés par les principales figures de la bourgeoisie locale. La belle maison à deux étages qui fut édifiée à la fin du XVè siècle au n° 13 de la rue, et qui pourrait être l'ancien "hôtel Dauphin", en témoigne parfaitement.

La boucherie, local ouvert directement sur la rue, comportait six étals qu'occupaient jalousement les membres de la puissante corporatopn de Saint-André. Trois étals relevaient de l'Abbaye Notre-Dame, les autres du domaine seigneurial. Six petites boutiques, autrement appelées "ouvroirs à pain" ou "triballes" tenaient à la boucherie à l'ouest. Elles dépendaient également de la seigneurie, et étaient affermés aux boulangers de la ville. De l'ancien édifice, il ne subsite plus que le "puits de la boucherie" situé à l'angle de la rue des Quatre-Nations. Il a été partiellement emprisonné dans les constructions qui, au XVIè siècle, s'emparèrent d'une venelle qui contournait auparavant les locaux.

La partie supérieure de la rue de la Cordonnerie, entre le carrefour du Change et le "carroy de l'Ange", a longtemps été désignée sous le nom de Rue du Pot d'Etain (référence post-médiévale à une enseigne; l'appellation a été supprimée en 1862). Elle conduisait, par la Rue de la Sirène (nom également post-médiéval) au cimetière et à l'église paroissiale de Saint-Firmin. Le prolongement de la rue de la Sirène du côté de la place de la Mairie actuelle est déja désigné comme Rue du Traîneau à la fin du XVè siècle, mais on lui préféra un moment le nom de Ruelle des Grandes Ecoles. Ces Grandes Ecoles, où l'on ne dispensa jamais qu'un enseignement élémentaire, furent construites à la fin du XVIè siècle ou au tout début du XVIIè. Elles se substituèrent alors aux écloes de la rue des Quatre-Nations. Elles étaient situées à l'angle occidental de la venelle, au coin de l'ancienne rue des Poulies. Notons ici que le privilège d'ouvrir des écoles à Beaugency avait été donné en 1192 aux religieux de l'Abbaye par le seigneur Jean, et que leur administration fut adjointe aux bénéfices de la sacristie (privilège confirmé en 1543 par François d'Orléans). L'Hôtel-Dieu possédait aussi une écoledont le maître devait assurer l'éducation des orphelins accueillis dans l'établissement et des enfants des familles indigentes de la ville.
Histoire des rues de Beaugency par Jacques Asklund. Réimpression de l'édition 1984 (Beaugency 2006)

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